Background Keilh

An 1316 AE :

Le soleil tapait fort sur la Kryte, mais cela n'empêchait pas le dur labeur des paysans. De toute façon lorsque l'on passe sa vie dans les champs on préfère la poussière à la boue et donc le soleil à la pluie.
Autrefois on pouvait toujours se réjouir de la venu de l'hiver car les armées ne pouvaient plus se battre, les champs ne pouvaient plus être récoltés, et on se retrouvait alors au chaud à attendre les beaux jours. Mais les dragons ne s'inquiétaient pas de l'hiver, pas plus que les dissidents politiques. Il n'y avait plus de saison tranquille et, lorsque les champs n'étaient pas à récolter, on s'inquiétait de pouvoir passer l'hiver en vie.
Si les temps ancien n'étaient pas, en réalité, aussi magnifiques autrefois ils l'étaient maintenant dans l'esprit des ancêtres et le devenaient dans l'esprit des jeunes, toujours pendu aux lèvres des grands parents lorsqu'il s'agissait d'écouter des histoires.

Mais l'heure n'était ni à raconter ni à écouter des histoires. L'heure était à récolter les moissons. La déesse Mélandru avait gâté ses fidèles et les récoltes étaient abondantes. Aussi les moissonneurs avaient ils du cœur à l'ouvrage et on pouvait les  entendre chanter et rire depuis les routes qui traversaient le pays.

La faux se levait et s'abattait sans cesse sur le blé, le coupant à la racine proprement et efficacement. Keilh aimait l'odeur de l'herbe sèche et le bruit que faisait le blé lorsqu'il se couchait sur le sol. Il aimait aussi le chant des paysans, se prélasser au soleil, et un tas d'autres choses trop longues à énumérer. Vigoureux pour son âge, environ seize ans, il avait acquis une certaine maîtrise de la faux après avoir occupé ce poste pendant plusieurs moissons. S'il effectuait convenablement son travail on le laissait tranquille le reste de la belle saison, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il pouvait alors profiter de la rivière non loin pour se rafraîchir tout en se racontant des histoires des temps anciens.

Malgré la résistance farouche et héroïque des blés, ce qui devait arriver arriva, et le dernier blé débout fini par rejoindre ses compagnons dans la poussière. Le faucheur esquissa alors un sourire, ceux des gens fière de leur travail, puis se dirigea vers la cabane à outil. Sans instruments un paysan n'était pas capable d'assurer sa pitance, aussi prenaient ils grand soin de leur matériel. Il rangea sa faux dans l'abri à outil  et alla se débarbouiller à la rivière la plus proche. La fraîcheur de l'eau lui fini du bien et ses mains, noires de poussières, reprirent une teinte plus courante. Le soleil n'était pas encore trop bas dans le ciel, il aurait l'occasion de faire un tour dans le bourg avant de devoir rentrer chez lui. Il pourrait même récupérer sa sœur en chemin et discuter avec elle. Elle s'occupait de négocier le résultat des moissons avec les marchands, plus il y avait de moisson moins le prix était élevé, mais un jolie minois pouvait le rehausser facilement de quelques sous. Il se mit en direction de la ville, reprenant à voix basses les chansons qui parvenaient à ses oreilles.

La ville avait toujours impressionné le jeune homme, quand bien même son village n'était pas si loin que cela d'elle. Les gens y étaient en costume de fête tous les jours et les gardes avaient plus d'allure que la milice du village. Il connaissait plutôt bien le chemin pour les quartiers marchand mais il n'eut pas à aller jusque là. Un attroupement c'était formé autour d'un héraut et il n'eut aucun mal à reconnaître sa sœur parmi l'auditoire. La curiosité de la jeune fille n'avait d'égale que son sens des affaires. Il se rapprocha donc du groupe en profitant pour écouter.

« … de la guerre sur de nombreux fronts que nous devons mener, l'armée à besoin de plus de troupe. Pour cette raison nous lançons une grande campagne de recrutement ... »

Ainsi la guerre continuait de faire rage. Keilh ne savait pas grand chose de la guerre, mais il savait que son peuple avait énormément souffert à cause d'elle. Il faisait partie des chanceux à vivre loin dans les terres et la peur des bandits lui suffisaient amplement. Mais il n'était pas assez bête pour ne pas connaître les menaces qui pesaient sur la Kryte. Il aurait aimé pouvoir faire quelques choses pour son peuple mais il n'avait rien d'un soldat et sa famille avait besoin de lui pour....pour....pour couper du blé....une tâche pas très compliquée à vrai d....

« Keilh tu es là depuis longtemps ? »

Une voix féminine et enjouée coupa cours à ses pensées. Il n'avait pas besoin de regarder pour savoir que sa sœur venait de le repérer. Elle ne parlait pas trop fort car le héraut n'avait pas fini son discours, il parlait maintenant de héros et de légende, de quoi motiver les foules pour s'enrôler dans l'armée.

« - Non je viens juste d'arriver Elizabeth, j'ai terminé de m'occuper du champ alors je venais te chercher.
Et bien j'ai fini de m'occuper d'un contrat et je me disais que j'allais pouvoir venir te chercher. »

Il sourit en se rendant compte que sa sœur avait eut la même idée que lui mais qu'il avait été plus prompte.

«  Tu t'es arrê.... »

Il ne termina pas sa phrase car des bruits et des cris de joie vinrent couvrir ses propos.

« La reine, la reine ! Elle arrive ! »

Haussant un sourcil d'étonnement il regarda sa sœur pour avoir confirmation de ce qu'il venait d'entendre. Au vue de l'expression de cette dernière il ne devait pas s'être trompé aussi lui prit il la main et se mit il à marcher en direction des cris.

«-  Je ne l'ai jamais vu, toi non plus je suppose.
- En effet, jamais. J'ai autre chose à faire et elle aussi. »

Débouchant au pas de course dans l'une des artères principales de la ville ils purent constater qu'ils n'étaient pas les seuls que les cris avaient attiré. La rue contenait plus de monde qu'elle ne le pouvait et on aurait presque put croire qu'elle allait exploser sous la pression des badauds.

« On ne verra jamais rien de là Keilh, il y a trop de monde !
Et bien jouons un peu des coudes. »

Joignant le geste à la parole le jeune homme commença à se frayer un chemin dans la foule, entraînant sa sœur, et les grognements des gens, derrière lui. Il se moquait de ce que l'on pouvait lui reprocher il voulait voir la reine, au moins une fois dans sa vie. Il voulait voir les espoirs de la Kryte, il voulait voir l'avenir de sa nation. Alors qu'ils avançaient péniblement dans la foule un ordre retentit.

« A genoux devant votre reine peuple de Kryte ! »

Comme un seul homme toutes les personnes présentes posèrent un genoux à terre révélant à tous la divine procession que contenait la rue. A l'avant les séraphins ouvraient la voix dans leurs armures brillantes comme l'or. Derrière eux venait les gardes rapprochés de la reine, encore meilleurs guerriers que les séraphins s'il fallait en croire la rumeur. Puis enfin, montée sur un cheval blanc comme la neige, la reine Jennah souveraine de Kryte et des Hommes.

Lorsqu'il la vit Keilh crut qu'il était entrain de rêver. Une femme aussi belle ne pouvait pas exister. On l'aurait crut sculpté par Lyssa elle même. Ses cheveux noirs et ses yeux marrons auraient put rendre fou un homme. Lui même aurait tué n'importe qui pour obtenir un sourire de sa bouche parfaite. Sentant son cœur s'emballer le paysan oublia le reste de la réalité pour ne plus contempler que sa souveraine.

Le reste de la foule était sous le charme de la reine tout comme lui et malgré la quantité de personne présente le silence flottait dans l'air. Seul les bruits que faisaient la procession en se déplaçant  raisonnaient dans la rue. Ils mirent quelques minutes, qui parurent une éternité, pour sortir du champ de vision de Keilh. Et il fallu encore quelques minutes supplémentaire avant que les personnes présentent ne songent à se relever et ne commencent à parler.

«- Et bien frangin on peut dire que notre reine en impose !

- Oui...oui...elle...en..impose.

- Ça ne doit pas être évident de gouverner un peuple en guerre.

- Non...ça doit être dure pour elle. Les temps sont dures pour tous le monde....il faut faire quelques choses !

- Hmmm sans doute. Je sais, on va redoubler d'effort pour produire les meilleurs récoltes de Kryte !

- Des greniers ça ne sert à rien s'il n'y pas de soldat à nourrir. Je vais m'engager !

- Hein ! Tu rigoles ! Ne me fait pas des coups pareils ce n'est pas drôle.

- Je ne plaisante pas, je vais m'engager ! »

Comme pour approuver ses propos il commença à se diriger vers l'un des établissement, qui étaient disséminés au quatre coins de la ville. Il ne savait pas vraiment si c'était sa volonté ou celle de la reine qui le faisait aller mais il ne s'en souciait pas. Il n'avait jamais ressentit un tel besoin d'accomplir un dessein et personne ne l'en empêcherait.

« - Keilh on ne pourra pas vivre sans toi, on a besoin de tes bras.

- Mon travail n'est pas très difficile, et je ne suis pas le premier du village à m'engager. Je vous enverrait ma solde comme les autres et vous vous en sortirez.

- Tu es cinglé ! Ne nous abandonne pas !!

- Je ne vous abandonne pas, je prend les devants pour vous sauver.»

Cette phrase fut la dernière qu'il lança  sa sœur car elle ne le suivit pas lorsqu'il s'engouffra dans les bureaux de recrutement. Ainsi s'acheva sa vie de paysan.

HRP : la partie entre les balises de spoil intègre une partie de l'histoire "destinity edge" aussi lisez la à vos risques et périles ^^ (bon de toute façon ca en dit pas trop hein) HRP

An 1320 AE :

Spoiler:

Cette bataille fut la dernière pour l'ancien paysan. Il n'avait plus de raison de se battre maintenant qu'il connaissait la triste réalité, la Tryie était condamnée à sombrer sous le joug des dragons. Ainsi s'acheva sa vie de soldat.

An 1324  AE:

Lorsque l'on sait que le monde est sur le point de s'achever on le perçoit différemment. D'une certaines façon il devient plus beau, et se coucher chaque soir en pensant que c'est peut être le dernier vous encourage à en profiter. Mais on perd l'envie de créer et de bâtir, on sait que le bonheur, quel qu’il soit, sera bientôt écourté. A quoi bon agir, puisque sous peu il ne restera rien ? Keilh vécu ainsi pendant quatre années. Pendant un temps il se cru éternel, mais même les dieux ne sont éternels.

Tout commença un soir. Pour sa part il aurait préféré que cela commence un matin, il aurait au moins eu le loisir d'être un peu mieux réveillé. L'ancien Séraphin rentrait de l'arène de l'arche du Lion, il appréciait de parier là bas. Certaines de ses connaissances auraient dit qu'il appréciait de perdre le maigre argent qu'il parvenait à gagner, en vendant ses compétences à l'épée, mais cela il ne s'en préoccupait guère . Tant qu'il avait un toit pour s'abriter en attendant la fin du monde. Il n'était jamais rentré chez lui depuis son départ. L'argent qu'il envoyait à sa famille c'était tari et ces derniers avaient dut le croire mort. De toute façon une bouche de plus à nourrir, personne ne pouvait se le permettre en ce moment. Il avait entendu dire que les attaques de bandits c'étaient intensifiées sur la Kryte, il espérait tout de même que les siens étaient encore en vie. Quand bien même ils finiraient tous par mourir.

Il grimpa les escaliers pourris, de la pension ou il vivait, quatre à quatre en pensant déjà à lit. Le lit en question était au moins aussi moisi que les escaliers, mais bien peu de chose pouvait empêcher Keilh de dormir et un lit miteux n'entrait pas dans la liste. Demain il devrait à nouveau chercher un travail, mais demain était demain et demain était loin d'être certains d'arriver.

L'ensorceleur avait peut être quitté l'armée depuis déjà quatre ans, mais il n'avait pas perdu tous ses réflexes. Aussi remarqua il rapidement que quelqu'un le suivait dans les escaliers. Ce quelqu'un croyait qu'il ne faisait pas de bruit, mais sa tentative pour être silencieux était cent fois plus bruyante qu'une montée normale. Personne ne montait les marches en posant ses pieds le plus doucement possible, sauf les assassins et les voleurs. Sa main glissa sur la vieille épée, qui lui servait justement dans ce genre de situation, et il la dégaina sans un bruit, lui. Il cessa aussi de monter les marches, il n'était pas impossible que quelqu'un d'autre l'attende en haut. Le jeune homme n'avait pas souvenir d'avoir de quelconque ennemis mais il préférait mourir de la main des dragons que de celles d'un brigand de pacotille.

Il attendit patiemment que les bruits de pas se rapproche, puis il se dédoubla. Laissant son clone passer devant, il se mit ensuite à courir derrière lui. Le traqueur lâcha un juron lorsqu'il vit un homme se ruer sur lui l'épée à la main. Il leva l'épée courte, qu'il tenait à la main, pour parer le premier coup. Mais les deux lames s'entrechoquèrent dans un bruit métallique et le combat s'engagea. Ou du moins, il aurait dut s'engager. Si Keilh n'était arrivé à se moment là, envoyant son clone se faire empaler sur la lame de son adversaire. Les quelques secondes de surprise du bandit suffire à l'ancien soldat  qui, au prix de quelques pas dignes d'un ballet, se retrouva derrière son agresseur.

Il aurait probablement put maîtriser son adversaire, mais pas sans le tuer et tuer il n'en avait guère l'envie. Il se mit donc à descendre les escaliers à toute allure, espérant qu'il trouverait facilement des gardes en ville. La course était dans ses spécialités et il ne doutait pas que l'autre ne pourrait jamais le rattraper. Il ne se doutait pas non plus que deux de ses compères l'attendaient au bas des escaliers, un fusil chacun dans les mains. Il étaient tous deux de tailles moyenne, l'un avait un œil crevé, les cheveux long et gras mais semblait plutôt bien rasé. Quand à l'autre sa barbe aurait sûrement put rivaliser avec celle d'un nain mais même un nain aurait eut l'air plus commode. Oeil en moins cracha quelques mots.

« - Ne bouge plus petit et on tira pas. »

La sentence arrêta net le coureur, qui lâche son épée et leva les mains en l'air. La soirée allait être longue il le sentait. N'a qu'un œil sourit légèrement et reprit.

« Je pense que tu ne nous connais pas. C'est normal mais c'est dommage. Tu nous aurais connu tu aurais peut être mis plus d'ardeur à rembourser ce que tu nous dois.
Je crois ne rien devoir à personne.
Mais si petit tu nous dois, tu nous dois même beaucoup. Tu vois on est les … propriétaires de ces lieux et ça fait un moment qu'on a pas reçu ton loyer. »

L'esprit de Keilh se mit rapidement à faire le compte de tous ce qu'il avait perdu dans l'arène, et du nombre de fois qu'il avait du retarder la paye de son loyer pour cela. Le nombre lui paru rapidement assez grand et il se maudit, pour la première fois en quatre ans, de ne pas avoir planifié un peu plus sa vie. Il ne prit cependant pas la parole, le borgne ne semblait pas avoir fini.

« Tu te dis sûrement que tu vas rembourser, mais c'est trop tard vois tu. Parce que l'argent que tu nous dois, nous on le devait à quelqu'un d'autre. Ce quelqu'un n'est pas content et si on doit mourir on préférerait te tuer d'abord....mais tu peux voir ça comme une aide...vu ce qu'il t'arriverait si on rapportait à notre créditeur que c'est par ta faute qu'on à pas l'argent. »

A vrai dire Keilh ne se disait pas qu'il allait rembourser, il se disait plutôt qu'il était dans la merde. Toutefois si les bandits avaient voulu le tuer, il serait déjà mort.

«  Je pense que d'ici une semaine je devrais pouvoir vous rembourser. »

Pour trouver autant d'argent en si peu de temps, il allait devoir descendre dans l'arène. Il préférait de loin regarder les combats qu'y participer, c'était moins fatiguant et moins risqué, mais il doutait d'avoir beaucoup d'options. Néanmoins celle-ci n'alla pas aux … propriétaires.

«  Une semaine c'est bien trop tard. Non si tu veux rester en vie, il va falloir rapporter l'argent beaucoup plus rapidement. Mais bonne nouvelle, on a un super travail pour toi. »

Et voilà la discutions aurait put commencer par là, ils auraient tous gagné du temps. Mais les deux compères semblaient s'amuser à effrayer l'ex-Séraphin et à jouer aux plus fort. D'ailleurs leur ami terminait sa descente des escaliers, il voulait sûrement profiter un peu du spectacle lui aussi. Keilh ne chercha de toute façon pas à s'esquiver. Les trois branquignolles avaient une idée en tête et ils n'en auraient pas d'autre. Mais visiblement ils avaient besoin de lui pour leur idée aussi en profita il.

«-Très bien, je marche avec vous. Je vous suivrai et je vous aiderai....mais à une seule condition, pas de mort. 
- Sinon quoi ?
- Sinon vous n'aurez jamais l'aide que vous êtes venu chercher.... »

Oeil unique sembla réfléchir un moment, puis il acquiesça. A vrai dire il ne semblait pas être un homme à tuer les gens de sang froid. Il devait s'en vanter sans doute, mais il préférait sûrement tuer les gens seulement pour une bonne raison. Le problème c'est qu'il avait l'air assez malin pour toujours trouver un tas de bonne raison.

Les pouilleux rangèrent leurs armes, Keilh reprit son épée et ils allèrent discuter dans l'un des bouge de la ville. Ainsi s'acheva sa vie d'oisif.

Le lendemain :

Keilh laissa échapper un soupire en regardant la route poussiéreuse devant lui. Le plan du siècle pour les bandits c'était d'attaquer une caravane de marchand. Il n'appréciait pas du tout l'idée et n'en avait aucune envie, cependant le fusil que ces derniers braquaient sur lui en permanence l'obligeait à revoir son jugement. Après tout les marchands feraient une bonne action, ils donneraient de l'argent et en échange lui il resterait en vie. Cependant les brigands avaient été malin pour une fois et ils voulaient se faire un peu la main avant d'attaquer la caravane, aussi ce soir se contenteraient ils de dépouiller un voyageur. Le plan était assez simple, Keilh abordait l'homme et l'obligeait à s'arrêter. Il l'occupait le temps que ses camarades s'approchent assez pour l’assommer et le tour était joué. L'ancien paysan trouvait à vrai dire le plan complètement débile mais si le voyageur parvenait à s'enfuir il n'en avait pour ça part pas grand chose à faire. Les deux des trois bandits étaient caché plus loin dans d'autres fourrés mais il en restait un ici. Un dont le rôle était moins de s'en prendre au voyageur que de tuer l’envoûteur s'il tentait de s'échapper. C'était le borgne qui était resté avec lui, il devait être le plus malin du trio de toute façon. Au moins sous les arbres ils n'avaient pas à subir la chaleur du soleil montant.

« - Je suis sur que dans l'arène on pourrait gagner plus d'argent et de manière honnête....
- Tais toi ! L'arène c'est pour les combattants, nous on est des voleurs. Ici il y a beaucoup et presque -pas de risque.
- Les Séraphins, la prison....la corde....ça me semble pas vraiment sans risque.
- Silence, voilà quelqu'un ! »

En effet en ce début d'après midi, sur la route de terre, approchait un voyageur. Il portait un manteau blanc et chantait en marchand. Il s'agissait sans doute d'un pèlerin et à l'idée de le dévaliser le jeune homme s'en sentit d'autant plus mal. Néanmoins un pèlerin comprendrait sans doute que quelques pièces valaient moins qu'une vie. Il passa une main dans ses cheveux, respira un grand coup et descendit sur la route, à l'abri des regards indiscrets. Mais même éloigné du brigand il sentait encore le canon de son fusil pointé sur lui. La balle ne le tuerait peut être pas et s'il était chanceux il pourrait s'enfuir des deux autres....à moitié blessé et en pleine nature. Autrefois il aurait tenté le coup, mais autrefois il avait à cœur de se battre. Maintenant il ne le faisait que par nécessité.

Marchand le long du chemin, il attrapa machinalement un brin d'herbe et se mit à le mâchouiller. Il se sentait stressé et il doutait que cela aille en s'améliorant. Le pèlerin fini par être en vu et Keilh lui fit un signe de la main.

« Bonjour messire, vous êtes en pèlerinage ? »

Un chemin de terre battue, une vallée au calme où le soleil resplendissait. Une vallée même un peu trop calme, le passage n'était pas des plus fréquents par ici. Le pèlerin n'avait d'ailleurs pas choisit cet endroit au hasard, il avait faim.

Tandis qu'il fredonnait en regardant les oiseaux un homme ma foi dans un état lamentable si on en jugeait son âme l'aborda.

« Bonjour messire, vous êtes en pèlerinage ? »

A vrai dire la formulation était stupide, soit on disait messire et on s'inclinait, soi on disait l'ami et on levait le coude. Mais les deux ensemble, c'était faire preuve de peu d'éducation et donc d'une flagornerie suspecte. La lèvre supérieur de Julian se retroussa d'amusement.

"Tu as visé juste, je suis bien un pèlerin. Je sert Dwayna, la miséricorde guérisseuse. Et qui es tu toi dont le visage transpire fatigue et lassitude ? Nous sommes bien loin de tout et tu ne semble ni être un soldat, ni être un marchand."

Keilh passa une main sur son visage pour essuyer la sueur qui coulait dessus. Le pèlerin aurait aussi put rajouter le stress aux maux qui accablaient le jeune homme, mais avec un peu de chance il n'avait rien vu.

Au cours de sa vie de soldat il avait rencontré beaucoup de guérisseur et presque tous vénéraient la chef des six dieux. Comme elle avait offert le salut aux Hommes il l'offrait en retour et l'ex-Séraphin leur devait de nombreuse vie. Il secoua la tête en essayant de ne pas penser aux remords qui allaient bientôt le hanter...il valait mieux des remords qu'une tombe après tous.

"Je me nomme Ila...Keilh."

L'ensorceleur fit une légère grimace. Il avait fait son possible pour mentir, mais il n'y arrivait pas. L'éducation de ses parents cumulé à celle de Séraphin le rendait en général incapable d'articuler quoi que ce soit qui ne fut pas la vérité. En général ça ne lui posait pas trop de problème, mais en général il n'attaquait pas les voyageurs. Il passa une main dans ses cheveux et reprit en se forçant à sourire.

"J'étais soldat avant, maintenant je suis plutôt sans travail. Ça a du bon de ne pas risquer sa vie en permanence ! Enfin se battre aussi... je veux dire...."

Il n'était pas simple de parler sans réfléchir, mais il était encore plus compliqué de réfléchir lorsque l'on agissait en dépit de toute morale. S'il réfléchissait trop il aurait des scrupules et se ferait tuer. Ils étaient trois après tout et lui il était seu....et voilà il avait trop réfléchit !

"Il y a des bandits qui en veulent à votre bourse dans le coin. Deux derrière vous, avec des armes blanches, et un derrière moi, disposant d'un fusil. Si vous m'épaulez on devrait pouvoir s'en tirer."

Ilakey, quel nom intéressant pensa le voyageur. Un ancien soldat, paumé comme tant d'autre par la déroute annoncé d'une nation. Julian se rappela que son frère lui avait dit que les soldats avaient beaucoup de mal avec la situation actuelle. Le désespoir avait touché l'acier des hommes et l'avait fait fondre avec plus de force que le souffle des dragons.

Le pèlerin était prêt à lui donner quelques écus lorsque l'homme lui apprit qu'en plus il avait tenté de ce recycler dans le banditisme avant de décider de se recycler dans l'humanisme.

"Une embuscade, c'est si gentil de me prévenir. Et amusant non car qui me dit que le traître ne trahira pas ensuite ? Murmura Julian toujours souriant mais dont les yeux s'illuminaient d'une pâleur malsaine."

"Ils doivent venir m’assommer, ou alors ils ne font que vous couvrir ? Car voyez-vous, j'apprécierais grandement de vous avoir tous avec moi pour dîner, mais je préférerais de loin m'éviter le déplacement."

Sur le coup Keilh ne sut pas vraiment s'il avait prit la bonne décision, par contre il n'eut aucun mal à savoir que les guérisseurs ne se comportaient pas ainsi. Il n'avait jamais vu de tels yeux, ou du moins pas sur un humain. Un frisson parcouru son échine et il se demanda sur quoi il avait bien put tomber....avec du recul "quoi' lui semblait bien plus approprié que "qui".
Néanmoins il répondit presque immédiatement :

"Ils vont venir si vous ne bougez pas...mais je ne sais pas s'ils vous tireront dessus ou pas. Normalement ils sont même déjà en route entrain de se glisser vers nous."

Il glissa la main sur la poignée de son épée,sans la dégainer pour le moment. Il espérait ne pas avoir à s'en servir contre le sois disant pèlerin car il n'était guère sur de s'en sortir. Avec un peu de chance un clone suffirait à lui donner assez d'avance pour que personne ne le poursuive ensuite.

(Bon je répond parce que après je pars mais je sais pas si c'est comme ça qu'il faut)

Et voilà, on parle, on parle et pendant ce temps les autres font. Et ce qu'ils font, ce n'est pas toujours pour notre bonheur. Les deux bandits suivant cet adage se rapprochait en effet furtivement de leur cible. A savoir Julian, et peut-être Keilh, mais ça on ne le savait pas encore.

"Tu as dis qu'ils n'avaient pas d'armes à feu derrière. Dans ce cas, je m'en occupe. Occupe toi du tiens. Et surtout, ne tente pas de t'enfuir."

Tandis qu'il prononçait ces paroles le visage de Julian c'était déformé petit à petit devenant plus pâle, plus cadavérique. Ses yeux flamboyaient comme des rubis en Enfer et sa bure semblait désormais être le linceul d'un fantôme enragé.

Il se tourna lentement vers les voleurs doublement surpris et les héla d'une voix rauque.

"Qui ici ose profaner la sacralité du guérisseur ?"

En vrai Julian jouait énormément de l'effet psychologique de son sortilège car il ne lui restait pas suffisamment d'énergie pour mener un rude combat contre deux adversaires. Cependant cela, ses assaillants ne le savaient pas et à peine eurent-ils plongés leurs yeux dans ceux du maudit qu'une terreur sans nom les saisit. Désespérés, ils en oublièrent un instant leurs velléités guerrières. Un infime instant, une brèche dans laquelle le damné s'engouffra.
Sa main se tendit vers le bandit de gauche encore à quelques mètres, une fraction de seconde plus tard elle agrippée son visage.

Un sourire se dessina sur le faciès défiguré de Julian. A partir du moment où il tenait l’énergie vitale de quelqu'un, le combat était terminé. Il dévora l'âme de sa victime tandis que celle-ci poussait son dernier hurlement. Son compagnon plutôt que de le sauver pris alors la fuite pour ne pas terminer dans le même état. Mal lui en pris, Julian sans cesser son festin invoqua une nuée de vermine qui s’abattit sur le fuyard commençant à le dévorer vivant. De façon plus intéressante pour le nécromant cela fit tomber l'homme et il se mit à se rouler sur le sol en poussant des cri de douleur.

Julian lâcha le premier cadavre desséché et repris son apparence habituel tandis qu'il se dirigeait désormais vers le second voleur. De son côté la combat était joué, dans une demi-minute il aurait dévoré sa seconde proie. Il espérait juste désormais ne pas se prendre un coup d'épée dans le dos.

Deux pour le pseudo guérisseur et un seul pour Keilh, finalement il ne s'en sortait pas si mal. Hochant la tête légèrement il détacha ses yeux le plus rapidement possible de son interlocuteur qui lui filait terriblement la frousse. L'ancien soldat était maintenant sur d'avoir à faire à un nécromancien mais cela ne le rassurait guère plus. Toutefois il s'occupait toujours des dangers par ordre de priorité et pour le moment le pèlerin était son allié.

Il pivota pour se rendre compte que le troisième bandit était entrain de sortir des buissons en courant. L'épais feuillage ne devait pas lui permettre de viser correctement une cible mouvante. Un bruit métallique se fit entendre lorsque l'épée sortit du fourreau, mais l'envouteur ni prêta pas attention. Tous ses sens étaient tendu sur l'arme à feu et sur l'homme qui le visait. S'il se prenait la balle le combat ne tournerait pas à son avantage, mais s'il parvenait à l'esquiver il avait gagné.

La scène dura une seconde au plus, mais pour les deux protagonistes elle s'étala sur plusieurs heures. Le bandit cessa de respirer et aligna sa cible. Keilh porta son attention sur les doigts du tireur. Ce dernier contracta son doigt pour faire feu. L'ancien séraphin exécuta une roulade sur le côté. Par réflexe son adversaire tenta de le suivre mais c'était trop tard, le bruit de l'explosion claqua et l'envouteur entendit une balle siffler non loin de lui. Son cœur recommença à battre et un léger sourire de victoire se dessina sur ses lèvres.

Une seconde lui suffit pour se retrouver dans le dos du borgne, l'épée levé. La lame, rendu bleu par la magie, traça un sillon vermeille dans le dos du malandrin. Avant qu'il n'ait eu le temps de crier, un deuxième sillon, puis un troisième s'incrustèrent dans son corps. Le son de sa souffrance s'étouffa avec la lame qui lui perfora la gorge, et il retourna à la poussière.

Keilh eut une légère grimace devant le corps s'écroulant sur le sol. Tant qu'il était le seul menacé, le jeune homme avait fait son possible pour ne pas avoir à tuer, mais finalement les crétins restaient des crétins jusqu'au bout.

"L'arène était bien moins dangereuse, je te l'avais dis."

Il releva la tête, pour voir si son compagnon d'infortune s'en sortait....il n'aurait peut être pas dut. L'un des hommes ressemblait plus à un corps en décomposition qu'à un cadavre fraichement abattu. Quand à l'autre, et bien il ne lui restait surement plus beaucoup de temps à vivre....cela dépendait de la charité de son adversaire.

Sans ranger son arme il se dirigea vers les deux hommes encore debout.

"Ce n'est plus une menace maintenant, il n'a qu'une envie c'est de s'enfuir....pourquoi ne pas le laisser partir ?"

"Ce n'est plus une menace maintenant, il n'a qu'une envie c'est de s'enfuir....pourquoi ne pas le laisser partir ?"

Julian regarda un instant le bandit terrifié, pour avoir l'air plus pathétique il n'y aurait eu qu'un chaton.

"C'est pas faux."

Et puis il avait déjà mangé. Une victime de plus... Il haussa les épaules, Dwayna savait aussi se montrer miséricordieuse. Il se baissa vers le voleur qui retint son souffle et posa une main sur son coeur. Le vaincu ne broncha d'abord pas, la puissance écrasante qu'il avait vu tout à l'heure lui avait suffit. Cependant il ne put retenir un cri de douleur lorsque la paume du mage noir lui brûla la chair.

"Te voilà marqué. Recommence, et je te trouverais. Mais tu peux encore mener une vie de calme et d’ascèse. A trois jours de marche au Sud se trouve la confrérie des mains nourricières. Ils t’accueilleront si tu sais te montrer aussi efficace à aider les autres qu'à les détrousser. Si par hasard, j'entend encore parler de toi, et crois moi, mes oreilles portent loin, la mort te paraîtra agréable à côté de ce que je te réserve."

Le pèlerin se releva et laissa à son sort le bandit prostré. Il regarda Keilh et lui sourit.

"Désolée, un peu cliché mais j'avais pas mieux en provision. Alors dis-moi, puisque tu sembles juste, que faisais-tu avec ces malandrins ?"

Keilh s'attendait à ce que le pèlerin refuse de laisser en vie le brigand, mais ce dernier se montra plus indulgent qu'il ne l'avait attendu. Le jeune homme ne savait pas si le nécromancien était vraiment capable de mettre en œuvre les menaces qu'il proférait, mais il n'était guère sur de vouloir le savoir. Le destin était une chose bien étrange et les détrousseurs venaient de se faire détrousser par un homme visiblement plus dangereux qu'eux. Le destin devait aussi avoir un petit côté pervers pour s'acharner ainsi sur l'ancien séraphin.

Il répondit légèrement au sourire du mage noir, mieux valait le garder dans de bonnes dispositions, il n'avait pas envie de finir à son tour avec une brulure sur le corps. Des cicatrices il en avait déjà son compte.

"C'est cliché mais réaliste. C'est parce que les gens croient en se cliché que le monde n'est pas plongé dans le chaos...enfin pas entièrement plongé dans le chaos."

Il passa une main sur son visage, essayant de se détendre et d'arrêter de dire n'importe quoi.

"Ces malandrins ont fait pression de diverses manières sur ma personne pour que je leur donne un coup de main pour vous détrousser. A vrai dire vous n'étiez pas vraiment la cible mais plutôt un test...je crois que l'équipe est recalée au test.

Je suis désolé du trouble que nous vous avons causé et je suis soulagé de voir que vous paraissez en bonne santé."

Il jeta un œil au bandit qui commençait à s'enfuir notant mentalement qu'il prenait la direction du Sud. Keilh évita de poser trop de question à son interlocuteur, moins il en savait moins les gens voudraient lui en faire oublier.

Le guérisseur leva un sourcil interrogateur. Il fallait vraiment être stupide pour effectuer un travail dangereux avec des individus auquel on ne pouvait pas faire confiance.

"L'équipe est même dissoute, et pour certain c'est encore plus littéral que ce que l'on pourrait penser. Quant au chaos, nous sommes si prés de lui que rien qu'à fermer les yeux je l'entend gronder. Mais tu as raison, nous n'avons pas encore perdu."

Croisant les bras il dévisagea l'être devant lui.

" Enfin je suppose qu'ils ne t'ont pas non plus choisit au hasard ces bandits, non ? Hum, mercenaire, alcoolique, drogué peut-être, endetté, ou alors hors-la-loi."

Ce qui était sûr c'est qu'il ne pouvait pas le laisser partir ainsi, puisque dans quelques jours au plus l'homme se trouverait de nouveau dans les emmerdes. Hors il ne le savait que trop bien, colmater les brèches temporairement, ce n'était pas un travail digne de guérisseur.

"

Keilh leva un sourcil lorsque le pèlerin lui attribua plus d'espoir qu'il n'en avait. Il n'avait jamais sous entendu qu'ils n'avaient perdu fasse au chaos, d'ailleurs si on lui avait demandé son avis sur la question il estimait que le monde n'était plus que plongé dans une longue agonie. L'homme continua ensuite de poser ses questions, visiblement il avait envie d'en connaitre plus sur les motivations de son agresseur. L'envoûteur n'était pas très fière de ce qui l'avait poussé à s'en prendre à un pèlerin mais il ne cacha toutefois pas la vérité.

"J'ai un peu trop perdu au jeu et je n'en m'en suis pas occupé. Du coup j'ai accumulé une certes dette envers eux et ils m'ont menacé pour que je la rembourse....au final ca devait être juste un prétexte pour m'utiliser. Je ne suis personne et il n'est pas très compliqué de me faire disparaitre sans embrouille. Enfin c'est ce que je pense, maintenant c'est un peu tard pour leur poser la question."

Il rengaina son arme, estimant qu'il ne risquait plus rien avec l'étranger.

"Je m'appelle Keilh et je suppose que si je ne vous dois pas la vie, je vous dois des remerciements. Ma vie en Tyrie ne sera surement plus très longue mais j'aurai la chance de ne pas la terminer dans la honte et le déshonneur total."

"Le jeu est une activité stérile et inutile. Mais de là à parler de honte et de déshonneur c'est que tu dois t'en vouloir plus encore. Je ne sais ce que tu as fait avant, mais aujourd'hui tu as bien agit Keilh le brave. En sauvant un disciple de Dwayna tu sauve tout ceux qu'il pourra soigner et qu'il n'aurait pu une fois mort. Moi je te dois la vie et je te demande d'accepter mes remerciements."

Le pélerin s'inclina devant Keilh, pensant que peut être plus encore que d'argent, c'est de reconnaissance dont il avait besoin.

"Puis encore savoir cependant, pourquoi ta vie te semble si courte ? Car tu me sembles jeune et en parfaite forme. La vie serait plutôt devant toi non ?"

Keilh n'était vraiment pas sur de mériter le titre de "brave". Il connaissait un tas d'Homme bien plus courageux et plus fort que lui, et aucun n'aurait essayé de dépouiller un pèlerin.

"A vrai dire je ne m'en veux pas vraiment pour avoir perdu de l'argent mais plus pour avoir suivit cette bande de malandrin en pensant que c'était la solution la plus facile."

Il observa un peu plus son interlocuteur, et répondit à sa deuxième question en continuant de s'interroger sur la personne qu'il avait en face de lui.

"Ma vie est sur le point de s'achever, comme celle du monde. Les Dragons se sont réveillés et ils viennent pour tout détruire. Petit à petit la corruption contamine le monde et bientôt ils seront les maitres ici. Que vous deveniez l'esclave mental de Jormag, le serviteur mort-vivant de Zhaitan ou la créature de cristal de Kralkatorrik votre vie s'achèvera quand ils prendront le contrôle de votre âme .... et ils le feront.

Autrefois j'étais soldat, je me suis engagé pour défendre mon pays et j'ai quitté mon travail quand j'ai compris que ce n'était pas possible. Depuis j'attends la mort mais les Dragons ne semblent pas pressés de reprendre leur héritage."

Alors qu'il termina sa réponse en même temps que l'inspection de Julian, il ne put retenir la question qui lui brulait les lèvres. Il avait toujours été trop curieux.

"Vous êtes vraiment un prêtre de Dwayna ? Vous n'en avez pas vraiment l'apparence ... et en général ils préfèrent soigner que tuer."

Ainsi il avait à faire à un soldat qui semblait en savoir beaucoup sur les Dragons, sans doute suffisamment pour les avoir rencontrés au moins une fois eux ou leurs serviteurs. A moins que ce ne soit un peureux de plus propageant des ragots, mais il n'en avait vraiment pas l'apparence.

Julian avait déjà vu ce désespoir l'hiver dernier en rendant visite à une garnison. A croire que la corruption était déjà profondément enfoui dans les Hommes.

"Alors tu t'es rendu."

Il éclatât de rire, mais pas d'un rire franc et sympathique. Non, ce qui sortait de sa gorge était glauque et gluturale.

"Et tu aurais put mourir ici ? Bêtement ! Sa voix était devenue grave et forte. Sens ta propre vie mortel!"

Joignant le geste à la parole une manne d'énergie noire partit de la main de Julian pour traverser Keilh qu'il avait attrapé à la gorge. Un flot brûlant et terrible qui vrillait chaque nerf du corps s'attaqua à l'envouteur.

"Souffre ! Hurla le guérisseur."

Puis il relâcha son étreinte et ferma son pouvoir.

"Bien; il semblait redevenu plus calme, son souffle reprit un rythme normal. La douleur est un signe de vie, la peur, un instinct naturel. Mais l'abandon est impardonnable. Lorsque ta mère a enfanter dans la douleur, s'est-elle résignée ? Heureusement pour toi que non. La lâcheté ce n'est pas la peur, ce n'est pas l'erreur, c'est l'abandon."

Julian sortit de sous sa tunique une dague fine et la jeta au pied de l'ancien soldat.

"Si tu veux abandonner meurt ! Tu seras un lâche et indigne de porter le nom d'Homme, mais au moins tu auras été jusqu'au bout de ton idée. Cependant, il-y-a quelque chose qui serait pire; C'est qu'en ayant abandonné ton combat, tu ne te tues pas. Parce que dans ce cas, c'est uniquement que tu attends que quelqu'un d'autre te sauve. Que quelqu'un d'autre parte à la guerre à ta place et tu te cache bien tranquillement derrière ton désespoir."

De nouveau le flot de parole et la tension de Julian augmentaient.

"Parce que sache; et ses yeux brillaient de nouveau. Quel que soit les pourritures draconiques, divines ou je ne sais quoi qui nous menacent, il y aura toujours des êtres qui lutteront jusqu'au bout. Jusqu'au bout de leurs vies et de leurs âmes. Eux ce sont des êtres vivants. Ta vie n'est pas qu'un cadeau, c'est aussi un combat. La défaite est inévitable, nous mourrons tous un jour. Mais dans ce cours laps de temps qui nous est impartit, certain auront eut la foi d'aller jusqu'au bout, la rage au ventre, les dents serrés tandis que d'autre auront préféré abandonner. Même si il n'y a qu'un seule fin, il y a des façons bien différente de marcher à sa rencontre.
Il y a longtemps nous sommes devenus des Dieux ! Nous sommes des mages, nous sommes des guerriers, nous sommes les fils de la Vie. Peut importe le temps, peut importe les morts, notre rage de vivre ne cédera pas !"

Julian récupéra son grand bâton et remis en place son sac sur son épaule.

"Et puisque cela t’intéressait, je vais répondre à ta question. Je n'aime ni soigner, ni tuer. On ne soigne que la souffrance et par conséquent le soin ne vient qu’après le mal, il ne l'empêchera jamais, même si il sort vainqueur. Quant à la mort, elle est une nécessité de l'action. Lorsque j'agis je fais des erreurs, je prend des raccourcis, et je choisit. Je choisit de vivre et je choisit de tuer. Ce n'est jamais une bonne chose, mais c'est une nécessité pour mon existence. Aussi, lorsque il le faut, je tue sans crainte pour continuer à guérir. Ce n'est pas une volonté morale, c'est une action de vie que j'avoue avoir un certain talent à répandre.
Maintenant si tu le permets, comme tu l'as justement fait remarquer, la corruption gagne du terrain chaque jours, les Dragons sont tout puissant et je suis en guerre contre eux. Par conséquent, il me faut retourner au front où ma présence est requise comme celle de tout ceux qui ont décidé de se battre. Toutefois, comme rien n'est décidé d'avance, il se peut que l'on gagne. Dans ce cas décide toi à mourir vite, sinon ton désespoir n'aura servit à rien d'autre qu'à te faire perdre de belles années. Enfin, au moins, soupira-t-il, ton épée sera chouette sur le dessus de ta cheminée pour expliquer à tes petits-enfants comment tu ne t'en es pas servit au moment précis où le destin d'un monde vascillait."

Julian fit quelques pas puis s’arrêta. Il attendait.

La tête de Keilh lui tournait encore à cause de la douleur qu'il venir de subir. Pendant un instant il avait à nouveau crut mourir, mais le taré de pèlerin l'avait laissé en vie. Quelques part dans sa tête une petite voix lui criait de s'en réjouir, car la mort était bien trop définitive. Néanmoins pour le moment la plus grande partie de son cerveau ne pouvait pas écouter la voix, car elle était assaillit par le reste du corps, qui criait au martyr. Le jeune homme avait l'impression d'avoir brulé vif, l'odeur en moins, et sa gorge était encore irritée du cri déchirant qu'il avait poussé. Il vacillait sur ses jambes, mais ca ne l'empêchait pas d'avoir écouté Julian, en espérant qu'il ne recommence pas.

Au début l'ancien Séraphin avait songé à frapper le guérisseur, de préférence avec un objet tranchant et en visant une artère, par mégarde. Puis la colère et l'adrénaline c'était légèrement estompées, assez en tout cas pour qu'il n'attaque pas quelqu'un de sang froid. Au fut et à mesure du discours du nécromant, il fini par classer l'affaire, se contentant de garder une main sur la garde de son épée.

Le discours en question étant assez épique et il aurait poussé bien des Hommes à s'engager directement. Même ses supérieurs ne lui avaient jamais fais une telle leçon sur la nécessité du sacrifice et l'importance de la lutte. Ceci dit la plupart de ses supérieurs directs étaient mort à Ebonhawke dans la poussière, la rage et le désespoirs.....mais pour sauver la reine de la Kryte.

Il y a quelques années de cela, Keilh c'était aussi engagé pour défendre sa famille, pour défendre sa reine et pour sauver son peuple. Il s'était battu, et de nombreuse fois il en était sortit victorieux, protégeant ceux qui en avaient besoin. Aujourd'hui ils en avaient encore besoin, mais il savait qu'il n'était pas capable de les protéger. L'homme parlait de victoire probable, mais ce n'était jamais que des paroles.

Julian n'avançait pas, pas plus que l'envouteur. Le pèlerin semblait mieux savoir que son interlocuteur ce qui se passerait bientôt. L'ancien paysan se pencha et ramassa la dague au sol. Puis il leva les yeux vers le ciel, semblant chercher l'inspiration, et fini par soupirer, que les inconnus le connaissent mieux qu'il ne se connaissait.

Il fit quelques pas, et devant le sorcier. Dans son regard, une lueur c'était rallumé. Que ce soit d'espoir ou de rage, il parla avec une force renouvelée.

"Vous parlez bien, pour un prête. Je ne sais pas si vous croyez vraiment que l'on peut vaincre, ou si vous vous contentez de ne pas vous voiler la face. Cependant ne rien faire est pire qu'échouer.

Je viens avec vous, apporter à la Tyrie l'aide dont elle a besoin. Vous êtes un nécromancien. Vous utilisez la vie comme une arme, et la mort est votre compagne. Pourtant vous semblez porter ce que bien peu d'Homme on encore, l'Espoir.

Lorsque nous ferons face aux Dragons, je serais à vos côtés, et vous me montrerez ce que l'espoir peut contre la toute puissance."

Un sourire vint se fendre sur le visage de Keilh. Il ne s'agissait pas d'ironie ou de joie morbide, mais bien d'un sourire de joie. Pour la première fois depuis des années, il avait l'impression que le monde pesait moins lourd sur ses épaules, que le ciel brillait plus fort et que la vie n'était peut être pas déjà terminé. Il était bien trop tôt pour qu'il comprenne, mais une petite voix dans sa tête murmurait "sans espoir, il n'y a guère de vie".

Kheil le rejoignit bientôt. C'est sans doute lorsque ce dernier lui dit "Je serais à vos côté" que Julian eut la première vision du futur qui l'attendait.

Le pèlerin reprit sa marche, mais pour lui aussi les choses avaient changé. Après cette rencontre il le savait désormais, la guerre était imminente, il fallait s'y préparer avec hâte.

"Keilh, ajouta-t-il, il faut tout de même que tu saches deux choses. D'abord tu connais sans aucun doute ma famille, et ensuite, je suis un petit peu cannibale les jours de pluie..."